Sophie, entrepreneuse : Mon Manager RH en entreprise était militaire

[Interview de Sophie] Mon manager en entreprise était militaire

Quel est ton parcours professionnel ?

A l’époque du baccalauréat, je voulais déjà créer mon entreprise. J’ai donc fait un DUT Gestion Administrative et Commerciale puis une école de commerce au sein de laquelle je me suis spécialisée dans les ressources humaines en dernière année. Après une alternance chez EDF, il m’a été proposé un poste de consultante en ressources humaines et SIRH dans une SSII.

En tant que consultante, j’ai pu travailler avec différents clients pour la mise en place de systèmes d’information RH (ex. outil de paie), ce qui m’a permis d’apprendre sur le terrain les process et la réglementation en matière de ressources humaines, ainsi que les différentes conventions collectives, tant dans le privé et le public. J’ai aussi pu effectuer des missions “purement RH” comme des Plans de Sauvegarde de l’Emploi, ce qui fut certes, moins amusant. J’ai de manière globale adoré le conseil car cela m’a permis de beaucoup apprendre au contact de beaucoup d’équipes différentes.

J’ai ensuite été approchée par DPD France pour un poste de Responsable SIRH : une opportunité qui ne se refuse pas à 26 ans lorsqu’il s’agit de gérer cet enjeu pour une entreprise de plus de 2000 salariés. Au fil de l’agrandissement de l’équipe, j’ai progressivement évolué sur un poste de Responsable RH. Cependant, je me suis après un certain temps dit que je n’étais pas faite pour travailler dans un cadre d’entreprise.

En effet, le monde du conseil fait que l’on est tout le temps challengé par de nouveaux projets, par de nouvelles personnes et par de nouvelles problématiques alors qu’en entreprise, je trouvais que les sujets devenaient redondants. J’ai donc décidé de repartir dans l’environnement du conseil en créant mon entreprise avec une ancienne responsable RH de DPD France, qui est maintenant mon associée. Je ne pouvais guère espérer mieux en termes de challenge, ne serait-ce que sur les enjeux de création d’entreprise.

Quel est le cœur d’activité de ton entreprise RH’Venture?

Nous sommes DRH à temps partagé. Les entreprises employant un certain nombre de salariés et qui n’ont pas forcément de services RH peuvent nous externaliser la gestion de leurs ressources humaines, que ce soit du contrat, du disciplinaire ou encore de la mise en place de CSE. Pour les entreprises disposant d’un service RH, nous intervenons en complément sur des sujets comme le changement de SIRH ou tout simplement sur des thématiques de recrutement.

Mon associée est basée dans le Var et je suis pour ma part en Ile-de-France. Étant mobiles, nous rayonnons sur la France entière car beaucoup de choses peuvent se faire à distance, d’autant plus maintenant avec les nouvelles méthodes de travail qui ont émergées cette dernière année avec le Covid-19.

Quels sont tes liens avec le monde des armées ?

Que ce soit dans ma sphère familiale ou amicale, je n’ai absolument aucun lien avec l’institution ! Cependant, j’ai pu, lorsque je faisais du handball, avoir un coach qui était ancien militaire. Il nous a très jeune apporté une certaine rigueur et des valeurs d’entraide. C’était tout bête mais à la fin de chaque entraînement, tout le monde participait au rangement. Ce sont des valeurs sportives mais je pense que le côté militaire appuyait cela car il ne rigolait pas là-dessus !

Quelles étaient tes responsabilités et celles de ton N+1 « ancien militaire » en entreprise ?

J’étais Responsable RH et lui DRH. Mes missions étaient d’assurer la gestion administrative des salariés en Ile-de-France : gestion de conflits, dossiers disciplinaires, contentieux, etc. Avec ma casquette SIRH, j’étais aussi en charge de la gestion des outils informatiques RH : paramétrage, adéquation avec les obligations légales et conventionnelles, variables de paie, etc. Mon manager était quant à lui membre du comité exécutif et pilotait la politique RH en s’appuyant sur une équipe d’une vingtaine de collaborateurs avec différents pôles : paie, formation, recrutement, relations sociales, SIRH, ainsi qu’un pôle généraliste.

Il s’avère que c’est lui qui m’a donné envie de rejoindre DPD France ! Étant bien dans le monde du conseil, j’avais initialement annulé l’entretien qui avait été planifié pour mon recrutement. Le chargé de recrutement, assez coriace, a su me faire changer d’avis et la façon de voir les choses de ce DRH m’a tout de suite beaucoup plu. L’intégration s’est d’ailleurs très bien passée : tout était très bien organisé car il avait à cœur de très bien accueillir ses collaborateurs. J’avais par exemple à mon arrivée mes cartes de visite qui étaient prêtes : ce sont des attentions qui peuvent paraître bêtes mais cela m’a marqué.

Mon manager a concocté un long parcours d’intégration sur plusieurs semaines (que nous avons d’ailleurs reproduit ensuite pour les nouveaux collaborateurs car j’avais beaucoup apprécié ce schéma). Au-delà du fait de rencontrer chaque personne de mon lieu de travail, il a œuvré pour que je puisse découvrir les différents métiers de DPD France. Le fait de pouvoir me mettre dans la peau d’un chauffeur ou encore d’un agent de quai était génial pour comprendre l’environnement dans lequel j’allais évoluer.

En quoi le fait d’avoir un manager ancien militaire a pu être particulier ?

Avant tout, je pense ne pas me tromper dans le fait que si ce N+1 était ainsi, c’était parce qu’il avait été militaire. J’ai pu souligner un management où il mettait en avant ses équipes car il nous accompagnait sans porter de jugement. Il nous a recruté jeunes car il avait confiance dans la jeunesse et voulait nous faire évoluer. Là où, ne connaissant pas l’environnement militaire, j’aurais pu imaginer un style très directif, il nous laissait au contraire apprendre par nous-même et avec nos collègues. Bien entendu, il savait être directif quand il fallait prendre des décisions mais il nous l’expliquait. C’était un collectif et nous montions tous ensemble.

Il a aussi su créer une forte entente au sein de l’équipe en reproduisant d’une certaine manière les bonnes pratiques qu’il avait pu voir au sein des armées. Il avait à ce titre instauré de manière hebdomadaire un moment de convivialité un soir de semaine en dehors du travail où venait qui voulait. Il s’avère que nous étions à chaque fois tous présents : ce moment de partage était incroyable car il avait à cœur que tout le monde s’entende bien. Il avait aussi un côté paternaliste et je pense que l’on a cela chez les militaires qui sont à la tête d’une équipe : je te prends petit poulain et je te fais grandir.

Avec le recul, qu’est-ce que le côté « militaire » a pu t’apporter pour ta montée en compétences ?

Le fait de me faire confiance m’a beaucoup fait grandir car l’idée était d’apprendre par soi-même et de prendre ses responsabilités. Ce manager m’a d’ailleurs dit un jour « Prends tes décisions. Si tu réussis je te mettrai en avant et tu hériteras des félicitations. Si tu fais des erreurs et que le chemin que tu as pris n’est pas le bon, je me mettrai en avant et je prendrai les coups pour toi ». Il n’y pas plus confortable que cette situation en arrivant jeune dans une entreprise où il y a beaucoup de choses à apprendre.

Parfois, des personnes sollicitaient mon manager dans l’espoir d’avoir une autre réponse après que je leur ai dit « non ». Chose à quoi il répondait « si Sophie a dit non, c’est non ». On ne formait qu’un et bien entendu, il venait après me voir pour rattraper les choses ensemble si j’avais commis une erreur. Malgré une bonne passation lorsque j’ai évolué sur le poste de Responsable RH, je me suis retrouvée livrée à moi-même et je n’ai jamais senti que je le dérangeais lorsque je l’appelais tous les jours quand j’avais besoin d’aide. Il était très fier de voir mes réussites et me disait « si tu fais mieux que moi, tant mieux ».

Maintenant que tu as ton entreprise, vas-tu t’inspirer des bonnes pratiques de ton ancien manager ?

Totalement ! J’ai recruté une alternante et notre objectif est clairement de monter et de grandir ensemble. J’ai pu avoir des assistantes chez DPD France et nous ne formions qu’un. J’ai d’ailleurs fait monter en compétences mon assistante et il s’avère qu’elle est aujourd’hui en lice pour reprendre mon ancien poste ! Je ne pouvais pas être plus heureuse, mission accomplie.

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