Militaires : Dans quel état d’esprit aborder la recherche d’emploi ?

Que ce soit à l’issue d’une carrière militaire ou suite à une première reconversion, la recherche d’emploi nécessite d’adopter une posture particulière afin qu’elle soit la plus efficace possible, mais aussi que cette expérience devienne enrichissante. Tâchons d’aborder ces éléments.
Comprendre quelles compétences peuvent intéresser une entreprise
De prime abord, les métiers d’armes ne trouvent pas de retranscription évidente dans le monde de l’entreprise. Certaines spécialités au sein des armées, comme mécanicien de bord, disposent d’un équivalent dans le monde civil. Mais pour beaucoup de militaires, le premier défi à relever est d’identifier clairement des passerelles entre les deux mondes.
Le premier élément à prendre en compte est le management et ce à tout niveau de grade. Un jeune quartier-maître/caporal aura à transmettre des consignes auprès de ses équipiers et devra s’assurer de leur parfaite mise en œuvre. Avec un peu de recul, on s’aperçoit aussi que la plupart des militaires ont durant leur carrière eu à gérer un budget pour une entité, à assurer la maintenance d’équipements ou encore à faire monter en compétences d’autres personnels.
Il s’agit d’autant d’éléments très facilement applicables en entreprise et qu’il est nécessaire de valoriser. Il est aussi indispensable de garder à l’esprit qu’en plus d’avoir certaines compétences transposables, les militaires les ont souvent mises en œuvre dans des situations critiques comme en OPEX par exemple.
Au-delà des savoir-faire acquis au sein des armées, un militaire dispose de « soft skills » qu’un civil n’aura pas forcément développés et qui peuvent faire la différence. Par exemple, les secteurs de la “supply chain” et du “facility management” apprécient particulièrement le sens de l’organisation et l’approche “problem solving” des militaires.
Bâtir un réseau professionnel
Dans un premier temps, il est indispensable d’identifier les différentes personnes avec qui vous avez interagi durant vos années de services et qui pourraient peut-être vous mettre en relation avec un manager en quête d’un profil polyvalent. Au-delà des camarades “directs” (homologues, supérieurs, etc.), les Élèves Officiers Réservistes (EOR), les Volontaires Officiers Aspirants (VOA), les industriels ou encore les conseillers Tégo (AGPM/GMPA) ne sont clairement pas à omettre.
Renseignez-vous, via LinkedIn par exemple, sur le poste qu’ils occupent aujourd’hui. Contactez-les ensuite pour en savoir plus sur leur expérience et le parcours qu’ils ont suivi. Ces personnes pourront être de très bons conseils dans vos démarches de recherche de poste et vous aider à identifier des opportunités que vous n’aviez peut-être pas considérées jusqu’à lors. Il est de manière générale plus qu’important d’échanger avec des professionnels pour découvrir le panel de nouveaux métiers qu’offrent jour après jour le marché du travail (peu de militaires pensent aux métiers d’Office Managers par exemple).
Inutile de rappeler que l’envoi de bouteilles à la mer du type “Salut. Penses à moi si un job se libère dans ta boîte” est tout sauf efficace et productif. Vos contacts vous aideront à affiner votre projet professionnel. La construction d’un réseau passe avant tout par la curiosité, l’échange et l’ouverture vers tout type d’activité afin de trouver sa voie (un article sur les bonnes pratiques pour développer son réseau sera mis en ligne dans les prochains jours sur ce blog).
Dépasser le fait de ne pas toujours avoir le diplôme adéquat
Les offres d’emploi ne sont qu’une retranscription du candidat idéal que beaucoup connaissent sous le nom de “mouton à cinq pattes”. Il faut donc savoir dissocier les “must have” des “nice to have”. La plupart des recruteurs reconnaissent le fait que certains critères ne sont pas indispensables dans leurs besoins de profils “couteaux-suisses”.
Rassurez-vous, plus vous gagnez en séniorité, moins votre niveau d’études sera regardé dans la mesure où vous aurez su bien retranscrire vos réalisations majeures au sein de votre lettre de motivation par exemple. Si vos diplômes militaires n’ont pas de correspondance directe, n’hésitez pas à préciser le niveau, par exemple : « Brevet de Supérieur (équivalent Bac+2) ».
Il ne faut surtout pas oublier que, contrairement au savoir-être et à l’état d’esprit, les compétences peuvent s’acquérir en cours de route et que votre carrière militaire vous a conditionné à apprendre vite (pensez d’ailleurs à l’autoformation). Dédramatisez donc par rapport au fait de ne pas avoir le niveau d’étude demandé et n’hésitez pas à tenter votre chance si vous pensez que vous avez les compétences requises pour le poste.
Bien se positionner vis-à-vis d’un recruteur
Il est important de comprendre que l’ancien militaire, peu importe le brio de sa carrière et son grade, n’est pas fondamentalement attendu dans le monde de l’entreprise. Lors de l’explosion il y a plusieurs années du marché de la sûreté à l’international, des comportements de « diva » ont par exemple pu exister face à l’énorme besoin en “security managers” et les salaires mirobolants qui allaient avec. Avec la chute du pétrole entre autre et plus récemment avec l’épidémie du Covid19, la tendance s’est d’ailleurs inversée dans ce secteur. De manière générale, l’humilité dont disposent la plupart des militaires doit perdurer de l’autre côté de la barrière.
Cependant, il ne faut pas sombrer dans l’autre travers qui serait de penser que le candidat n’est rien et que l’entreprise est tout. Si l’entreprise recherche un profil, ce n’est pas par philanthropie mais parce qu’elle a un besoin.
Plus un militaire aura bien cartographié ses compétences transposables, plus il comprendra sa véritable valeur ajoutée pour une entreprise et moins il abordera une position d’infériorité. Le candidat a aussi à choisir son recruteur et pour être dans cette position, il est nécessaire de savoir montrer que vous êtes la bonne personne pour répondre aux défis que rencontre l’entreprise. Cela doit donc transpirer dès le CV (plusieurs articles de conseil pour bâtir un CV efficace seront mis en ligne dans les prochains jours) et ce tout du long du process de recrutement.
Postuler efficacement (même si c’est la première fois)
Sauf quelques exceptions en école de commerce, peu de civils ont réellement appris durant leur cursus à chercher un emploi. Les militaires peuvent donc être rassurés, ils ne sont pas les seuls à rencontrer des difficultés à remplir un profil LinkedIn, à construire un CV et à rédiger une lettre de motivation.
La différence entre civils et anciens militaires réside principalement dans le fait que les premiers ont eu, dès la fin de leur cursus scolaire, à se remettre dans la position de candidature pour chaque nouvel emploi, ce que n’ont pas eu à faire les seconds au sein des Armées. Il faut donc savoir œuvrer avec méthode pour la construction de vos outils de candidature et les prochains articles de ce blog auront pour but de vous y aider.
Pour sortir efficacement du lot, il est aussi indispensable de ne pas aborder la recherche d’emploi de manière passive. Trop de candidats font preuve d’attentisme et attendent que les offres tombent du ciel. Il faut aussi savoir être proactif : contacter des professionnels même si des postes ne sont pas encore ouverts, échanger avec les recruteurs avant et après avoir candidaté et surtout faire cela avec discipline.
Conclusion
Le monde de l’emploi dans le secteur privé regorge d’opportunités que même les recruteurs ignorent (beaucoup d’entrepreneurs reconnaissent que leurs meilleurs recrutements se font souvent lorsqu’il n’y a pas d’offres). Il faut donc savoir “décoincer” en devenant acteur de sa recherche d’emploi et être surtout dans une position d’échange et de partage.
Bien que les militaires apprennent dès leur plus jeune âge à trouver seuls une solution (“les rois du système D”), il faut savoir demander de l’aide lorsque l’on est en recherche d’emploi, ne serait-ce que pour relire une lettre de motivation. Les plus grands dirigeants sont eux-aussi coachés dans leur prise de décision : être accompagné n’est en rien un aveu de faiblesse, le fait de bien l’être est plutôt un facteur clé de succès.
Les recherches d’emploi peuvent durer dans le temps et le doute s’installer : préparez-vous y car la situation peut se débloquer à tout moment et c’est à cet instant qu’il faudra donner envie et sortir votre épingle du jeu.
La recherche d’emploi, c’est être mais surtout durer.
Très bien senti et exprimé. Merci pour cet article.